"Puis est venu le fameux 19 décembre 2011. Je n'ai plus jamais été le même joueur depuis cette date. Depuis, je lis la presse différemment, j'achète différemment, je joue différemment."
Petit rappel, le Backlog est l'accumulation de tâches à compléter. Ici, on parle d'accumulation de jeux à jouer ou à finir.
L'avant
Tout a commencé le 19 décembre 2011. Avant cette date, j'étais un joueur ordinaire. Je lisais les critiques encensant des jeux « artistiques » puis je courrais acheter les suites de jeux que je connaissais en import anglais, en me disant que GAME n'a pas besoin de mon argent pour survivre.
Parfois, à force d'acharnement de la presse vidéoludique en ligne, [car oui, la presse papier non plus n'a pas besoin de mon argent], je finissais par tenter l'expérience que me proposait un de ces jeux "originaux", en me rappelant la révélation qu'avait été pour moi Killer7 : « Le jeu vidéo peut être autre chose. ». J'achetais donc un Flower sur le PSN ou un Mirror's Edge pas trop cher, puis je me persuadais que c'était « pas si mal », que « au moins ils ont tenté quelque chose », je le finissais, puis je retournais jouer en ligne à Resident Evil 5.
C'était la belle vie. Je ne jouais plus sur PC depuis une demi-douzaine d'années. C'était chiant le PC. Fallait installer chaque jeu, les désinstaller quand il prenait de la place pour rien, faire des mises à jours interminables, parfois les jeux n'étaient pas compatible ATI, d'autres pas compatible NVIDIA. Comparativement, jouer sur console, c'était le paradis. J'insérai mon disque et une fois les mises à jour installer, je pouvais jouer, pour peu qu'il ne s'agissait pas de MGS « 1 heure d'installation » 4.
Le jour d'après
Puis est venu le fameux 19 décembre 2011. Je n'ai plus jamais été le même joueur depuis cette date. Depuis, je lis la presse différemment, j'achète différemment, je joue différemment. Le 19 décembre, c'est le lancement de la Steam Holiday Sale 2011. Je découvre alors le jeu PC, le jeu dématérialisé et les bundles pour des prix dérisoires. Naïvement, je me dis « J'en aurai pour 6 à 8 mois ! =) ». Mais cela ne se passe pas comme prévu, arrivé mi-2012, j'en ai encore pour plus de deux ans de jeux.
Le refus
« Il n'y a aucun problème. J'arriverai à finir ces jeux là avant les sorties de fin de l'année. » J'étais dans « le refus ». Je refusais de voir l'évidence. J'avais acheté trop de jeux parce que, pour une fois, je pouvais me le permettre et parce qu'ils m'intéressaient l'année d'avant pour une raison X ou Y. Seulement, en mi-2012, avais-je toujours envie de jouer à toute la série des Total War ? Avais-je encore le désir de me parcourir tous les Runaway après avoir fini The Next Big Thing ? Je me répètais que oui, je voulais m'en convaincre.
La colère
Un mois plus tard, je me rendais compte que je me voile la face, que je ne finirai aucun de ces jeux. Tout n'était que mensonge. Je commence à m'en vouloir. Je me demande pourquoi j'ai acheté autant de jeux. J'aurai pu le prévoir que ça ne servirait à rien. Le temps n'est pas extensible et je ne peux me permettre de jouer plus...
Le marchandage
Quoique, si je m'y prends bien, j'ai qu'à organiser mon temps libre ! C'est bien connu, si on s'organise, on a le temps de faire plus de choses. Pourquoi ne pas jouer aux jeux vidéo de 19h à 21h, les soirs où je ne sors pas. J'ai qu'à me lever plus tôt le week-end, de toute façon, je perdais mon temps à dormir...
La "dépression"
A qui pouvais-je faire croire ça ? On ne peut pas planifier ses envies. Si je ne veux pas jouer, je ne vais pas me forcer et si je veux jouer, je vais le faire quand je peux. Du coup, je n'arriverai jamais à finir ces jeux. C'est peine perdu. Autant laisser tomber et faire autre chose. Je ne vais pas m'amuser à finir tout ce Backlog juste pour le finir. Je ferai mieux de ne plus acheter de jeux sur Steam d'ailleurs. Je sais que je ne les finirai jamais eux aussi. Steam me répugne, ils m'ont eu à grand coup de manipulation avec leurs offres « exceptionnelles », « limité dans le temps ».
L'acceptation
Au final, après un certain temps de réflexions, je me suis dit que je ne suis pas le premier joueur à accumuler un Backlog grotesque. Même si mon Steam affiche 109 jeux et que j'en ai également quelques-uns sur console que j'aimerai finir, si je me concentre sur les jeux essentiels et que j'évite de perdre mon temps sur ceux qui ne m'apportent rien, je devrai pouvoir passer du bon temps.
De surcroît, cette expérience m'a permis d'optimiser mon expérience de jeu. J'ai fait une croix sur les missions secondaires qui font aller d'un point A à un point B pour tuer 50 ennemis en 10 minutes. Je ne fais plus que les missions qui valent la peine. Celles qui m'amusent et non celles qui utilisent des techniques de conditionnement.
A regarder mes stats par rapport à celles de mes amis Steam, je joue à plus de jeux, mais moins longtemps. Certaines personnes font du 70, voire 100 heures sur un jeu alors que je ne dépasse plus les 25 heures. Pourtant je m'amuse. Je joue à plein de jeux différents. Je préfère jouer et finir Retro City Rampage, Hotline Miami Metro, Deadlight, Spec Ops, Dear Esther, Sine Mora et autres plutôt que de jouer à un seul jeu à 100%.
Cette façon de jouer rend les avis des joueurs et journalistes plus important que les descriptions de contenu. Comme j'achète des jeux à très bas prix, des mois/années après leurs sorties, je peux me permettre d'y aller presque à l'aveugle. Le seul problème de ce système, c'est le multi-joueurs en ligne. Lorsqu'on découvre un jeu un an après sa sortie, les serveurs sont vides et on ne peut plus se faire insulter par des américains de 12 ans. Oui, il faut savoir faire des lourds sacrifices dans la vie.
* L'article est articulé selon les 5 phases du Modèle Kübler-Ross.